Quel est l’impact des monnaies locales ?

C’est la question que s’est posé le Mouvement Sol, laboratoire d’expériences monétaires, et qui l’a poussé à réaliser une étude sur plus d’un an et demi auprès des Monnaies Locales Complémentaires Citoyennes (MLCC) du territoire et de ses bénévoles et adhérents.

Le Mouvement Sol a produit un rapport à partir de cette étude, publié au milieu du mois d’Avril, une belle preuve de l’apport concret du développement des monnaies locales sur le territoire.

Une table ronde pilotée par le Mouvement Sol a également eu lieu le 15 avril pour présenter ce rapport, à laquelle ont participé plus de 400 personnes. Une première belle réussite pour ce projet !

Quelques intervenants ont participé a cette table ronde, notamment Charles Lesage, délégué général du Mouvement Sol, Marie Vernier, déléguée générale du Labo de l’ESS, Marie Fare, chercheuse et maîtresse de conférences en sciences économiques à l’Université Lumière Lyon 2, sur les nouveaux espaces de coopération territoriale ouverts par les MLC et Mahel Coppey, présidente du RTES.

L’intérêt d’un tel rapport est principalement de mettre des chiffres, des témoignages et des conclusions fondées sur des hypothèses préalablement réfléchies par les différentes associations porteuses de monnaies locales et leurs adhérents ; celles de l’impact positif des monnaies locales sur un territoire.

Les MLC

Comme le rappelle le rapport, les MLC font leur apparition en 2010 en France mais après seulement 11 ans, on compte au minimum 82 MLC sur le territoire (bientôt 83 avec MLML…) « faisant de la France le pays européen accueillant le plus grand nombre de monnaies locales en circulation ».
La France est également le premier pays a avoir offert un cadre légal explicite à ces monnaies, rendant la démarche encore plus réelle.

Une première partie de l’étude a concerné l’établissement d’une échelle d’utilité sociale autre que celle basée uniquement sur les critères économiques au vu de la recherche d’un impact sur l’intérêt général.
Cinq registres ont donc été sélectionnés : le pouvoir citoyen, la solidarité, l’écologie, l’économie et les dynamiques territoriales.
De la lecture de ce rapport, on s’aperçoit que dans ces 5 domaines, la monnaie locale à un impact positif sur l’intérêt général. De quoi donner envie d’y participer, non ?

« En évaluant l’utilité sociale des monnaies locales, cette étude aura permis de mettre en lumière leurs apports concrets en faveur d’une société plus écologique, solidaire et participative, faisant la démonstration de leur contribution à l’intérêt général. »

Les monnaies locales apparaissent donc comme un « levier transversal de transitions » dans ces 5 domaines clés de développement.

Un rôle dans la démarche écologique

La protection de l’environnement par la diminution des actions polluantes est un des points qui forge le plus le développement des monnaies locales.
Mais alors à quel point une monnaie locale a-t-elle un impact écologique ?

Tout d’abord au niveau des consommateurs, on note que près de la majorité des répondants favorisent de par la monnaie locale sur le territoire une consommation plus locale mais également pour une grande partie, une consommation plus bio !
Au niveau des entreprises, 84% de celles qui ont adhéré au réseau « ont adapté leurs méthodes de travail pour réduire leur impact environnemental ». Un grand pas puisque cela signifie que non seulement les entreprises diminuent leur impact écologique en participant à l’échange en monnaie locale mais cela agit également sur leur processus de production et leurs actions extérieures.
Bien sur, les monnaies locales apportent également leur soutien directement aux filières locales et à l’investissement écologique à travers les fonds de garantie dans lesquels elles investissent.

Un impact fort sur le territoire

Et au niveau du territoire, qu’est-ce que ça donne ?
Ce qui marque les territoires en termes de monnaie locale c’est le renforcement des coopérations, que ce soit avec les acteurs de l’ESS ou les collectivités locales : « une cinquantaine de collectivités pionnières utilisent la monnaie locale comme levier de résilience  ».

Un autre point est celui de la découverte des atouts du territoire local : « 80% des répondants déclarent avoir découvert de nouvelles facettes de leur territoire grâce à la MLC ». C’est sans doute le cas de certains habitants du Pays Basque, où l’Eusko favorise la culture locale à travers notamment la mise en avant de la langue basque, l’Euskara.

Un levier de citoyenneté

Les monnaies locales sont également un levier en termes de développement de la citoyenneté. Elles permettent notamment d’apprendre aux citoyens le fonctionnement de l’économie et de la monnaie pour mieux y voir l’impact qu’ils ont à leur échelle. Elles démontrent ainsi à celui qui s’y intéresse que « chacun peut agir pour une société plus responsable ».
En termes de citoyenneté, les monnaies locales sont aussi une vraie expérience de démocratie participative puisqu’elles sont partisanes de la gouvernance partagée dans la prise de décision et de la rédaction en commun des règles de l’association et du projet (les chartes).

« Plus sensibles à l’ensemble des aspects de la transition, les utilisateurs de monnaie locale développent donc un esprit critique qui leur fait prendre consciences du caractère systémique des défis auxquelles notre société est confrontée et les conforte dans la nécessité d’agir simultanément sur tous leurs aspects ».

On parle aussi de renforcement du pouvoir d’agir citoyen puisque chacun peut agir à son niveau en participant à l’association par exemple.

Place à la solidarité

Une monnaie locale c’est aussi un projet qui fait naitre une certaine solidarité entre ses membres. C’est avant tout un réseau basé sur des valeurs partagées qui sont source de lien puisque source d’action.
Le rapport parle de véritable « lien humain et relation de confiance » qui se développe entre les membres. Lors d’un échange en monnaie locale, auprès d’un commerçant par exemple, les deux ont le sentiment de valeurs partagées à travers cet échange. L’entraide se développe également entre les professionnels du réseau qui se sentent en confiance dans ce projet commun de renforcement du « consommer local ».

Un impact économique

Et économiquement parlant, ça donne quoi ? Un vrai plus, les monnaies locales ?
Alors oui, le rapport démontre bien que les monnaies locales dynamisent l’économie locale. En plus d’apporter un supplément de revenu pour les acteurs du territoire, elles portent en elles un cercle vertueux en investissant dans des projets responsables.

« De plus, les valeurs que les MLC promeuvent et les réseaux qu’elles animent multiplient et consolident les liens économiques locaux, encourageant les relations commerciales au sein d’un réseau donné. Ainsi, 22% des professionnels adhérents estiment que la monnaie locale a eu un effet visible sur leur chiffre d’affaire ».

Toutes ces informations sont donc très inspirantes pour le développement de nouvelles monnaies locales qui dynamiseraient des territoires pas encore ouverts à cette pratique. Ces différents éléments concernant en particulier les MLC, il va s’en dire qu’une MLC combinée à une monnaie inter-entreprises pourrait apporter encore plus de positif à la Métropole Lilloise et ses acteurs !

Crédits Image : Résumé Rapport Mouvement Sol