Les monnaies alternatives ont tendance à se développer en temps de crise puisqu’elles constituent un bon moyen de compenser les pertes potentielles par un autre type d’échange. En effet, même si elles ont un intérêt quelle que soit la situation économique, les monnaies locales se développent grâce à une volonté de recherche d’alternatives des acteurs et par une prise de conscience des possibilités locales.
Après la création de la banque coopérative suisse WIR en 1934, d’autres projets de monnaies inter-entreprises ont vu le jour. Le Sardex est né en 2009 en Sardaigne. Créé par cinq amis italiens dans le but de sortir l’économie sarde de la crise des subprimes en privilégiant une économie de PME ancrées dans le territoire, c’est un système qui a connu une réussite exemplaire.

La naissance du système

Sardex est un système électronique de monnaie inter entreprise pour les entreprises sardes. Tout type d’entreprises peuvent l’utiliser lorsqu’elles adhèrent au réseau : cabinets d’avocats, de comptables, ateliers de menuiseries, hotels, magasins, restaurants…
Pour être éligible au Sardex, une entreprise doit simplement avoir des biens ou services à offrir et avoir pour objectif d’acheter des biens ou services disponibles dans le réseau afin d’utiliser la monnaie Sardex gagnée.

Les membres du réseau participent au financement du projet à travers une cotisation annuelle qui dépend de la taille de leur entreprise. Afin de développer leur projet, les 5 italiens ont fait une levée de fond de 150 000 euros en 2011, pari réussi puisque Sardex se développe depuis à une vitesse fulgurante. Rien qu’en 2016, on compte 70 millions d’euros de transaction en Sardex pour 3500 entreprises membres. Il a permis de relocaliser une grande partie des échanges en Sardaigne.

Un fonctionnement simple

L’idée derrière le développement d’une monnaie locale est de favoriser les échanges en accélérant la circulation de la monnaie. En effet, les participants au réseau Sardex n’ont aucun intérêt à ne pas utiliser leurs unités Sardex puisque l’accumulation ne rapporte rien. La vitesse moyenne de circulation d’un Sardex est donc de 12 échanges par an contre 1,5 pour l’euro !
A l’entrée dans le réseau, le solde de chaque entreprise est de zéro. Ce solde peut devenir négatif lors d’un achat ou positif si l’entreprise commence par vendre… mais attention, contrairement à une banque, ici dans les deux sens, aucun intérêt n’est prélevé. Sardex fonctionne ainsi comme « une chambre de compensation entre des crédits et des débits ».

Des valeurs portées par le réseau

Le président du projet, Gabriele Littera estime que la force du réseau réside dans la confiance des personnes qui y adhèrent, « We don’t have an algorithm, just relations, our brokers try to help who is in trouble suggesting them new businesses. Technology is an aid. »

C’est un réseau principalement à destination des PME et favorisant un développement régional. Ce sont des valeurs fortes qui caractérisent le réseau telles que la justice économique entre les acteurs, le respect, le bien-être des acteurs et l’entraide. Ces valeurs d’entraide sont très actuelles et sont caractéristiques de l’esprit de communauté d’un crédit mutuel inter-entreprises.
Le réseau s’est développé sur la base d’une confiance forte des premiers entrants puisqu’il s’est construit surtout grâce à la démarche des fondateurs qui sont allés à la rencontre de dirigeants de PME pour leur expliquer leur idée.
L’organisation met également en avant la nécessité et l’urgence de participer à des initiatives de ce type, qui prônent une utilisation juste des ressources.

Source d’inspiration ?

Le Sardex est aujourd’hui soutenu par de nombreuses organisations et cité comme une référence notamment de par les prix gagnés pour l’inventivité et la réussite du concept. Une réussite très inspirante pour les organisations qui souhaitent développer des monnaies locales sur leurs territoires !